Rimsky Korsakov les 3 mouvements

Korsakov n’a pas composé de concerto pour violon, mais il nous a laissé ce capriccio et une fantaisie pour nous consoler. Finalement c’est un regret supplémentaire quand on mesure la qualité du capriccio ! Car on imagine ce qu’aurait été une œuvre véritablement pour violon et orchestre de la part du compositeur. À défaut d’existence d’une telle œuvre, jouissons des merveilles du capriccio, œuvre positivement géniale, de la même veine d’or que Schérazade.

Dans une ambiance de fête espagnole, pleine de soleil, de couleurs, de danses, de charmes et de mystère, l’œuvre est découpée en quatre parties : une introduction vive et brillante ; une longue phase calme, majestueuse ; une invitation à la danse ; et un feu d’artifice évoquant l’apogée de la fête. Pour servir la dialectique festive, Korsakov utilise toutes les couleurs et les possibilités d’éclat, de feu, d’étincelles, de gerbes florales, que propose l’orchestre : percussions complexes, flutes rieuses,motifs vifs et aigus aux cordes, martèlements de grosse caisse, cuivres soutenant la trame de fond, et tout cela au même moment avec une cohérence, une lisibilité, et une progression géniales. Pour la partie centrale, c’est le violon et principalement le cor qui discutent entre eux, posément, en rupture totale avec l’ouverture : réflexions d’une vieil habitué sur les délires de la jeunesse ? promenade à l’extérieur de la ville ? Puis le violon reprend la main en solo sur des variations hallucinantes, directement inspirée par Paganini, afin d’annoncer la marche de retour vers la fête, la transition est progressive et d’une intelligence rare, avec des thèmes amorcés puis brisés, les thèmes premiers qui reviennent un à un, les personnages qui apparaissent au détour des rues ensoleillées, jusqu’au défilé principal, distribuant la joie et le bonheur à tous.